Leseprobe

58 Die kräftigen, saugfähigen Papiere sind auf dem Boden ausgebreitet. Den Farbbeutel nimmt sie auf die Schultern. So kann sich ihr Körper ganz der Wirkung der Schwerkraft ausliefern, kann sie die Intensität des Farbflusses über Druck auf die Tülle und durch ihr Lauftempo regulieren. Sie schreitet das Papier mehrfach in beide Richtungen ab, immer wieder hin und zurück. Die Farbe fällt als unablässiger Strahl mit der Wucht und Kraft eines Sturzbaches auf das Papier, staut sich, schichtet sich kreisförmig übereinander, bildet Fließspuren. Kleine Bäche entweichen dem Hauptfluss, Partikel auftropfender Farbspritzer schaffen eine Atmosphäre der Schwerelosigkeit um die gewaltigen Farbbahnen. In ihrem Davor und Dahinter rufen sie den Geist (Esprit) ganzer Welten auf: bergige Landschaften, Blicke aus einem Flugzeug, von Blitzen durchzuckten Himmel, fließende Lava, Dendriten von Gehirnzellen, kahle Baumäste vor einemWinterhimmel, Blutadern in einer Hand (Abb. 17). Solcherart bildliche Assoziationen strömen ebenso wie die Energie der Künstlerin und fließen in die Zeichnungen der »Energy fields« (Kat. 43). Die »abstrakten Landschaften« der »Walking / Paintings« sind dazu angetan, geistig in ihnen zu flanieren, sich in dem Geäder zu verlieren, die eigene Phantasie und Imagination darin reisen zu lassen, und dabei in die Transzendenz überzugehen (Evasion) wie der legendäre chinesische Maler Wang-Fô, der in einem soeben gemalten Boot auf dem Gewässer eines seiner Gemälde verschwand.48 Fabienne Verdier cherche à s’immerger dans le sujet du tableau.43 Selon l’enseignement de la peinture traditionnelle chinoise, c’est précisément là que se manifeste le « geste » de la création.44 Alain Rey argumente en se basant sur la dérivation linguistique et historique du mot « motif » (mouvoir, lat. movere, motum) qui englobe tout ce qui a trait au mouvement et à l’émotion, tout ce qui change et ne reste pas identique.45 Fabienne Verdier transforme la tectonique de la montagne dans son langage, comme Cézanne l’avait transformée sous son regard.46 « Espr i t – Evas ion » / Espr i t et fantai s ie : échapper aux cont raintes Le désir de toujours tenter de nouvelles choses et, en même temps, d’en apprendre davantage sur la peinture et sur sa propre création, a amené Fabienne Verdier à réaliser dès 2012 les premiers tableaux de la série Walking /Painting (cat. 42, 44). En marchant et en peignant, ou en peignant et en marchant, une trace dont l’artiste explore les particularités est créée. Comment le temps influence-t-il l’acte de peindre, comment le matériau se comporte-t-il sur le support ? Afin de travailler de la manière la plus directe possible, l’artiste abandonne complètement le pinceau et se transforme elle-même, son corps, en véritable outil de peinture, conséquence d’une grande franchise due à la conscience et à la confiance de vivre en perpétuelle transformation et évolution.47 Elle ne conserve que la poche de peinture, le réservoir sinon caché à l’intérieur de ses grands pinceaux. Comme réduit à un dispositif expérimental pour un projet de recherche, il ne reste alors plus que le matériel de peinture absolument indispensable (ill. 18). Les papiers robustes et absorbants sont étalés sur le sol. Fabienne Verdier prend la poche de peinture sur ses épaules. Ainsi, son corps peut s’abandonner entièrement à l’effet de la gravitation, elle peut régler l’intensité du flux de peinture par une pression sur le bec verseur et par son rythme de marche. Elle parcourt le papier plusieurs fois dans les deux sens, en faisant des allers-retours. La couleur se déverse sur le papier en jet continu avec la force et la vigueur d’un torrent, s’accumule, se superpose en formant des cercles, crée des traces d’écoulement. De petits ruisseaux s’échappent du flux principal, des particules d’éclaboussures de peinture créent une ambiance d’apesanteur autour des immenses coulées liquides. Dans leur devant et derrière, elles évoquent l’esprit d’univers entiers : des paysages de montagne, la vue depuis un avion, le ciel traversé par des éclairs, la lave coulante, les dendrites de cellules nerveuses, les branches d’arbres dénudées sur fond de ciel hivernal, les veines dans une main (ill. 17). Les associations visuelles fusent, tout comme l’énergie de l’artiste, et alimentent les dessins des Energy fields (cat. 43). Les « paysages abstraits » de la série Walking /Painting ont vocation à être parcourus mentalement, ils nous incitent à nous perdre dans leurs méandres, à y faire voyager notre propre fantaisie et imagination, tout en nous évadant comme le légendaire peintre chinois Wang-Fô, qui disparut dans une barque qu’il venait de peindre sur la mer d’une de ses toiles.48 18 Entstehung eines »Walking / Paintings« von Fabienne Verdier. Fabienne Verdier lors d'une séance de «Walking / Painting ».

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