Leseprobe

40 Abgeschiedenheit im Herzen Frankreichs lebt und arbeitet und in ihrem Garten das gesamte Panoptikum der Wunder von Werden und Vergehen täglich in sich aufsaugt. Bei solcher Wachheit für die engere Umgebung gleichermaßen wie für das Weltgeschehen, für den Mikro- wie den Makrokosmos eröffnen sich zahllose visuelle und gedankliche Analogien, die Fabienne Verdier nur noch in Korrespondenz zu bringen braucht. Passioniert betreibt sie ihre Netzwerkforschung, studiert Literatur, besucht Museen, sammelt Bilder und Zitate, die sie in ihren Atelierbüchern in Entsprechungen bringt. In ihnen entwickelt sie ihre Ideen für künftige Themenkomplexe und künstlerische Arbeiten. Die Verfahrensweise speist deren äußere Erscheinung und nährt ihren inneren Gehalt.3 Die Atelierbücher, deren Pflege die Künstlerin beinahe die Hälfte ihrer Zeit neben demMalen und Zeichnen widmet, bergen in ihrer Gesamtheit eine Essenz ihres intellektuellen und künstlerischen Zugangs zur Welt und können durchaus als »zweites Œuvre«,4 als konzeptuelle Metaebene zum gestalterischen Werk, eingestuft werden (Abb. 1). Die Skizzenbücher mit ihrem sprudelnden Assoziationsreichtum spiegeln anschaulich das vitale Prinzip allen Seins. Fabienne Verdier erlebt alles auf der Welt als belebt (animé), als von einem großen Atem, dem »Weltenatem« (chinesisch qi, französisch souffle) durchwoben. Und so beginnt jede schöpferische Bewegung einem naturhaften Gesetz folgend mit dem »Einen«, dem das »Zweite« folgt und dann das »Dritte«, wie es bei Lao-tse in seinem »Dao de Jing«, dem »Buch vomWeg«, aus dem sechsten Jahrhundert vor Christus heißt.5 In der bildnerischen Umsetzung der chinesischen Malerei ist das »Eine« (Un) im »All-Einen Pinselstrich« (l’unique trait du pinceau) kondensiert, wie ihn der MalerMönch Shitao in seinem Lehrwerk »AufgezeichneteWorte des Mönchs Bittermelone zur Malerei« aus dem 17. Jahrhundert definiert. Jedes Werk des ehrlich und aufrichtig suchenden Malers beginne demnach mit ihm und ende mit ihm – und doch sei es, wie er beschreibt, nur demGeist gegeben, ihn zu erblicken. Der All-Eine Pinselstrich könne alles dieser Welt erfassen, sofern er dem Herzen folge. Der Maler, ein ewiger »Wandler«, müsse dafür sein Handgelenk von Verspannungen, Vorprägungen und Vorurteilen befreien, um die erforderliche Durchlässigkeit vom Herzen ins Handgelenk und über die Tusche ins Bild zuzulassen. Letztlich geht es darum, das Lebendige allen Seins in einem Pinselstrich einzufangen. Der kleine Traktat Shitaos visuelles et intellectuelles que Fabienne Verdier n’a plus qu’à mettre en correspondance. Elle poursuit avec passion ses recherches sur les réseaux, étudie la littérature, visite des musées, collectionne des images et des citations qu’elle met en correspondance dans ses carnets d’atelier. Elle y développe ses idées pour de futurs complexes thématiques et travaux artistiques. Ce procédé alimente leur apparence extérieure et nourrit leur contenu intérieur.3 Ces carnets, auxquels l’artiste consacre près de la moitié de son temps en dehors de la peinture et du dessin, renferment dans leur ensemble l’essence de son approche intellectuelle et artistique du monde et peuvent tout à fait être considérés comme une « seconde œuvre »,4 un méta-niveau conceptuel de l’œuvre créatrice (ill. 1). Les carnets d’atelier, avec leur richesse bouillonnante d’associations, reflètent clairement le principe vital de tout être. Pour Fabienne Verdier, tout dans le monde est animé, parcouru par une énergie vitale, le « souffle » (le qi en chinois). Ainsi, tout mouvement créatif commence, selon une loi naturelle, par l’« Un », suivi du « Second », puis du « Troisième », comme le dit Lao-Tseu dans son Tao Te King, le Livre de la Voie et de la Vertu, datant du sixième siècle avant Jésus-Christ.5 Dans la transposition picturale de la peinture chinoise, l’« Un » est condensé dans « l’Unique trait du pinceau », tel que le définit le moine-peintre Shitao dans son ouvrage didactique du XVIIe siècle intitulé Les propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère. Chaque œuvre du peintre honnêtement et sincèrement en quête, commencerait ainsi avec lui et se terminerait avec lui – et pourtant, selon ses explications, il ne serait donné qu’à l’esprit de la saisir. L’unique trait de pinceau pourrait saisir tout ce qui se trouve dans ce monde, pour autant qu’il suive le cœur. Le peintre, éternel « chercheur », devrait pour cela libérer son poignet de toute tension, de tout préjugé et de toute idée préconçue, afin de permettre la perméabilité nécessaire du cœur au poignet et, via l’encre, au tableau. En fin de compte, il s’agit de capturer le vivant de l’être en un coup de pinceau. Le petit traité de Shitao a donné une toute nouvelle orientation à la vie de Fabienne Verdier lorsqu’elle commençait ses études, au début des années 1980 : « l’universalité de sa pensée », sa « vision de l’homme en osmose avec l’univers, les reflets fugitifs de l’être et l’incroyable vitalité de ‹l’unique trait du pinceau origine de toutes choses› » (ill. 1).6 Car en Chine, « les lettrés-peintres-calligraphes ne concevaient l’art qu’en fonction d’une démarche spirituelle. ».7 L’objectif de Fabienne Verdier est de transmettre la puissante immédiateté et la spiritualité de ses œuvres à son public. On croit alors ressentir la concentration et l’énergie avec lesquelles l’artiste a créé et maîtrisé l’acte artistique. Après « l’œil de chair », ce sera inévitablement et sans condition « l’œil de l’âme » qui verra et enregistrera les œuvres, nous dit l’artiste.8 Le rêve de Fabienne Verdier est que le spectateur « se sente instinctivement animé d’une force nouvelle par cette dynamique », qu’il puisse éventuellement « percevoir différemment la réalité qui l’entoure, non plus comme séparé d’un tout, mais comme une partie de celui-ci. »9

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